Lexique et Dictionnaires: Le blog d'Agathe

Compte rendu

Posted by Seshat on 21:45
L’article intitulé « Parlez-vous textos » rédigé par Stefanie Brandt de l’université de Nice Sophia-Antipolis porte sur le phénomène de l’écriture dramatiquement transformée qu’on peut retrouver sur Internet, notamment sur les tchats et les forums, et dans les messages textes envoyés tous les jours de téléphone portable à téléphone portable.

La question principale que l’auteure se pose porte tout d’abord sur ce qu’est cette fameuse écriture texto (aussi appelé langage SMS), dans quelles conditions on la retrouve et quelles sont ses caractéristiques. La question de renseigner ou non les nouveaux locuteurs du français sur le langage texto est également abordée.

On nous signale en premier lieu que la caractéristique première du langage SMS est d’être raccourcie au maximum dans le but de rendre les échanges et la communication en temps réel plus rapide, et ceci au détriment de la grammaire et de l’orthographe d’usage. De par les transformations qu’il subit, ce langage tend à se rapprocher beaucoup de la langue orale. On peut reconnaître le langage SMS aux formulaires d’ouverture et de clôtures réduites, aux nombreuses abréviations, à l’absence de ponctuation, à l’utilisation systématique de minuscules (ou au contraire à l’omniprésence des majuscules). On utilise l’écriture texto principalement dans le cadre des communications interpersonnelles par voie électronique. Elle existait déjà du temps du Minitel (terminal d’interrogation vidéotex français d’après le dictionnaire, l’ancêtre d’Internet) et s’est propagée avec la mondialisation d’Internet et la technologie des messages textes sur les téléphones portables. Sa raison d’exister est d’avant tout de gagner du temps. De plus, lorsqu’on envoie un message texte d’un téléphone portable, le nombre de caractères que l’on peut taper est limité, d’où l’intérêt de tronquer et de réduire le plus possible.

L’auteure nous présente certaines caractéristiques du langage texto :
1 : Sur le plan phonétique : quelques lettres de l’alphabet correspondent carrément à des mots de la langue (comme C –c’est- et R –air-), et les sons de certaines lettres couplées les unes aux autres peuvent former des mots (OQP, occupé).
2 : Sur le plan morphosyntaxique : l’effacement de la négation, la fusion de plusieurs mots (chépas = je ne sais pas).
3 : Sur le plan lexical : néologismes de forme passant par la troncation de mot (blème au lieu de problème) ou la verlanisation (meuf = femme –feum-), les abréviations (mdr = mort de rire).
4 : Sur le plan pragmatique : afin de rendre compte des émotions : les smileys ou émoticônes et la répétitions de lettres (ahhhhhhhhh).


On souligne dans l’article que lorsque vient le temps d’informer les étudiants en français langue étrangère, on ne retrouve que peu de ressources à offrir. On retrouve tout de même quelques références dans les manuels de FLE (Français Langue Étrangère). Grâce à de petits exercices, on sensibilise les lecteurs aux différentes formes de communication selon la situation dans laquelle on se retrouve (lettre à un employeur, mail à un ami, conversation sur le tchat , etc.) et aussi à « traduire » des messages écrits en langage SMS ou alors à en écrire afin d’en constater le fonctionnement. Faire écrire en langage textos les apprenants du français pourrait également aider selon l’auteure les apprenants en ce sens qu’ils seraient plus conscientisés sur la prononciation puisque l’écriture SMS est énormément basée sur la phonétique. Également, l’apprentissage des abréviations pourrait aider à la prise de notes. Ces exercices semblent assez bien réussir à aider les nouveaux locuteurs du français à reconnaître et utiliser de façon adéquate les différents niveaux de langue.

Enfin, l’auteure en vient à la conclusion que même si certains codes sont généralisés et régulièrement utilisés, d’autres peuvent être propres à certains individus et donc plus difficilement compréhensibles au premier abord. La difficulté de compréhension mène donc à l’idée qu’un corpus serait nécessaire afin de trouver de dégager des constantes et des « règles ». On aurait plus à gagner à enseigner ce langage qu’à le dénoncer puisqu’il peut être un outil pédagogique utile pour faire comprendre les niveaux de langues, les normes d’orthographes, etc. aux nouveaux locuteurs du français.


http://perso.orange.fr/stefanie.brandt/TextosArticle.pdf